La cuisine péi : petite leçon de gastronomie à la sauce créole…

L’été n’est pas encore totalement achevé, il flotte encore dans l’air quelques parfums ensoleillés… et si on laissait une place à l’été indien en faisant un pas de côté en direction de l’océan éponyme ?

Vien manz in gazon dann fon la rivière !

En ce temps de COVID, certains ont eu tendance à délaisser les DOM-TOM, utilisant le prétexte de pandémie pour les extraire du périmètre de découverte réduit à notre hexagone dont les contours géométriques semblent si parfaitement définis dans l’espace géographique.

Non point que je me sente investie de l’âme engagée d’Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau ou encore Aimé Césaire pour défendre corps et âme la créolité, mais il n’en est pas moins que l’esprit créole m’habitait malgré moi depuis quelques mois déjà.

Or, à force d’entendre et de lire les campagnes d’Atout France sur la promotion du territoire français pour la saison estivale, un départ sur un caillou perdu au large des côtes de l’Afrique en plein océan Indien résonnait comme une invitation à rompre avec la (sur)pression médiatique liée à la crise sanitaire.

Pour s’imprégner au mieux de l’ambiance nonchalante de la Réunion, cette île tropicale où les fruits poussent en abondance, où les arômes et les épices parfument autant les jardins, les îlets, les plats toujours bien relevés que les rhums toujours bien arrangés, il est essentiel de cultiver son coup de fourchette car la cuisine créole n’a rien à envier aux autres départements français ! On peut aisément inscrire la gastronomie au patrimoine culturel de l’île.

Caris poulet, rougails saucisse, massalés de coq ou de canard, fricassés de brèdes, ananas rôti au rhum, accompagné d’une glace rhum gingembre : connaissez-vous une cuisine aussi diversifiée que riche en saveurs ?

Si la Réunion se fait souvent appeler « l’île intense », il est bien un rendez-vous vraiment populaire et authentique, voire presque endémique à ce département français : le pique-nique ! Plus qu’une petite fantaisie pour le touriste en mal d’exotisme, le pique-nique créole est une légende vivante, un emblème à lui seul de l’identité créole, un mode de vie bien ancré dans la culture réunionnaise.

En famille, entre amis et même bien souvent sur fond musical, le pique-nique est une réelle institution. Exit la distanciation sociale, ici, quand on se réunit, on voit toujours les choses en grand, tant dans l’assiette qu’autour de la table.

Barbecue, marmites, faitouts, glacières familiales… on met les petits plats dans les grands pour ne manquer de rien et partager ce moment de convivialité avec ses proches. A la Réunion, on ne s’inquiète jamais du nombre d’invités, il y a toujours à manger pour tout le monde.

Le pique-nique réunionnais est à l’image de l’île, conviviale et chaleureuse, propice au partage et non portée exclusivement sur le « chacun pour soi ».

Le pique-nique ne s’associe pas forcément aux plaisirs balnéaires. On trouve des espaces réservés et équipés autant sur les plages que sur les hauts ou le long des rivières : au détour d’une route ou après une randonnée, l’odeur de la viande fumée sur les grills dédiés ouvre toujours l’appétit pour celui qui sait apprécier la convivialité et le goût pour les bonnes choses.

Quelles sont les vertus du safran péi ? Savez-vous reconnaître un bon rhum arrangé ?

Le meilleur endroit pour tout savoir sur la gastronomie réunionnaise et remplir son panier, c’est bien sûr le marché forain de Saint-Paul qui se tient chaque vendredi en front de mer. Ici, on se régale tant avec les yeux qu’avec les papilles. Les étalages colorés et bien achalandés invitent sans cesse à la dégustation. Fruits, condiments ou plats préparés : du marché à l’assiette, il faut un sacré coup de fourchette pour bien manger créole !

La commune de Saint-Paul est également connue pour ses tisaneurs et leurs plantes médicinales (zerbaz) presque endémiques, culturellement parlant. A la Réunion, la population a pris l’habitude d’utiliser ce que la terre offre pour soigner tous types de maux. Or, l’île regorge de véritables richesses naturelles, tant dame nature a été généreuse avec ce caillou volcanique. Besoin de faire une détox ? Testez la verveine bleue pour aider à éliminer les graisses, essayez le lingue café pour nettoyer votre foie ou pour ses fonctions anti-inflammatoires. Si vous cherchez un remède efficace contre la gueule de bois, goûtez au piment martin. En plus de  ses 1001 vertus, chaque plante présente l’avantage de se préparer de trois façons différentes : en infusion, en décoction ou en macération.

A chaque coin de l’île, sa spécialité ! C’est ce qui fait son plus grand charme. Aussi, le visiteur est invité à la découverte dans un mode itinérant pour mieux saisir toutes les spécificités de la Réunion : les lentilles de Cilaos, la poudre de vanille de Bras-Panon, la fleur de sel de Saint-Leu, le curcuma de la plaine des Grègues, mais aussi la salade de palmiste du sur sauvage. La visite également de goûter les savoureuses confitures péi, les jus de fruits exotiques ultra-vitaminés et les préparations pour rhum arrangé, dont les quantités varient en fonction de l’imagination et de la production de saison…

Autre institution pour savourer les plaisirs simples et d’autres types de spécialités : les rondavelles, un haut-lieu fort populaire et répandu sur le littoral réunionnais. Ces petits kiosques circulaires de plage qui vous accueillent en toute décontraction très souvent à l’ombre des badamiers, invitent à la détente dans une ambiance bon enfant. Ici, on mange bien souvent sur le pouce !

Le dimanche soir à Saint-Leu, c’est aussi le rendez-vous décontracté idéal à ne pas manquer – hors période de pandémie internationale oblige – pour écouter de la musique en plein air. Maloya, rock celtique, jazz manouche, séga : sur le front de mer, les groupes se succèdent dans chacune des rondavelles qui bordent la plage et son lagon exceptionnel. Alors qu’en métropole, on a tendance à opter pour la soirée cocooning, le dimanche, à la Réunion, on se retrouve ici pour profiter des dernières heures avant l’arrivée d’une nouvelle semaine.

Crêpes, burgers végétariens, burgers au cochon, couscous, kebabs, repas libanais, wraps, cuisine chinoise et réunionnaise : bien sûr, des stands de cuisine éphémères installés à proximité des rondavelles proposent d’autres alternatives aux bouchons et sandwich gratinés ou encore à de la cuisine plus élaborée.

C’est cette même cuisine que l’on retrouve dans les ô combien nombreux camions posés au bord des routes, dans les gares, le long des plages… A la Réunion, le food truck n’a pas attendu de profiter de la tendance hexagonale pour fleurir partout sur l’île et offrir une cuisine gourmande et bon marché au promeneur, randonneur ou au touriste égaré. Certains servent également des fruits ou des glaces aux parfums exotiques.

A la Réunion, que ce soit les food trucks, les gargotes aux airs de cantines populaires ou les rondavelles : il y a toujours et à toute heure une place pour se poser, grignoter et se restaurer à sa faim !

Du pique-nique créole dégusté dans une feuille banane à la cuisine plus goûteuse et sophistiquée au feu de bois : quand l’identité même d’une île se bâtit autour d’une gastronomie locale endémique, aussi haute en couleurs qu’en saveurs, on s’arrête toujours sur la carte de restauration, même lorsque l’on cherche un gite ou une chambre d’hôtes. Or, à la Réunion, on mange partout « comme à la caz’ », toujours en toute simplicité…

Reflétant le brassage culturel de l’île avec sa (ses) cuisine(s) aux saveurs de tous les horizons, toutes les adresses de restauration de la Réunion – qu’elles soient ambulantes ou bien des institutions totalement ancrées dans un territoire depuis des décennies – sont ouvertes à tous… Bien loin des règles et consignes liées l’épidémie du COVID-19, la restauration de la Réunion fait figure de proue de son melting-pot ; ici, on se retrouve, on se mélange, on vit ensemble et si possible, de façon toujours décomplexée !

Outre les traces vivantes du colonialisme, ce bel héritage toujours bien vivant est la preuve que l’histoire d’un lieu, aussi riche et mouvementé qu’il soit, procure une diversité qu’il fait bon cultiver !

Les Fonker : Quelques adresses gourmandes

Et si on prolongeait ce voyage sensoriel dans l’océan Indien en se retrouvant sur le 101e département français ? Rendez-vous à Mayotte l’heure du prochain voulé – le pique-nique local – pour apprendre à déchiffrer ses origines, ses influences et sa culture…

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