7 bonnes raisons de rester à la case !

Alors que le printemps nous fait de l’œil, avec ses journées qui prennent de la longueur et ses températures qui s’adoucissent, nous voici de nouveau confinés à la maison. Quand pourrons-nous bien contempler le ciel bleu qui fait surface à l’horizon ?

Difficile de se projeter beaucoup plus loin que son canapé, hormis si l’on se sent extraordinairement bien chez soi, au point de vivre en totale autarcie, occultant de son quotidien tout semblant de vie sociale, culturelle ou sportive. A l’approche d’un nouveau confinement généralisé, on nous invite à rester à la maison… mais, la notion de « chez soi » diffère selon les cultures et les environnements.

A La Réunion, ce petit caillou où les épices parfument autant les jardins que les ilets, les plats souvent assez relevés que les rhums toujours bien arrangés, la kaz’ (la maison) fait partie intégrante de la culture et de l’identité de l’île.

Et si on partait faire un petit tour des cases dans ce département français d’Outre-mer, perdu au large des côtes de l’Afrique en plein océan Indien ?

Ici, il vous sera facile de constater que la kaz’ fait partie intégrante du vocabulaire quotidien des Réunionnais, que l’on parle des Marrons, des Malbars ou des Zoreils.

Comme partout à La Réunion, on mange ou on dort à la kaz’  toujours en toute simplicité et avec beaucoup de générosité. La culture de l’accueil est ancrée dans le mode de vie créole, vous y serez donc toujours les bienvenus ! Au point où vous aurez peut-être même du mal à vouloir quitter la kaz’ au petit matin, comme si vous vous étiez auto-confinés.

Avec leurs couleurs tantôt pastel tantôt acidulées, les cases traditionnelles se fondent en toute harmonie dans la végétation luxuriante d’un jardin créole. Au-delà des caractéristiques qui les rendent aussi exotiques qu’un collier de fleurs à Tahiti, les cases créoles – emblèmes de l’époque coloniale – s’inscrivent depuis toujours dans l’histoire de La Réunion et de son brassage culturel unique.

Au carrefour de l’Asie, de Madagascar, de l’Afrique et de l’Europe, l’architecture des villes réunionnaises reflète aussi bien la diversité d’une population aux origines de tous les horizons que les spécificités liées à l’insularité et aux conditions climatiques (chaleur, humidité, vent, cyclones).

Habitat populaire traditionnel de la Réunion, les cases créoles étaient originellement construites avec les matériaux que l’on pouvait trouver dans la nature (bambou, vetiver, feuilles de palmes, lataniers, etc…) et couvertes de bardeaux et de tôles.

A partir de la départementalisation en 1946 et l’arrivée des colons – propriétaires des plantations de café et d’épices – des cases plus sophistiquées avec armatures en bois commencent à voir le jour ; elles deviennent les « maisons des maîtres », empreinte architecturale d’une période marquée par la prospérité.

A l’instar de la maison Adam de Villiers à Saint-Pierre, les maisons qui ont vu le jour dès le milieu de XVIIIème siècle, ont subi l’influence européenne et sont construites selon les attributs néoclassiques (losange, moulure…), coloniaux ou indiens.

Si dans les années ’60-70, la case « Tomi » ou la case « SATEC » ont contribué à démocratiser l’architecture de l’habitat populaire, l’opulence de certaines demeures de caractère comme la maison Valliamé (maison Martin) dans le style « art déco » ou la maison Morange dans un style plus contemporain font partie de ces témoignages des années fastes.

Plus qu’un simple héritage historique, l’existence de ces maisons qui a fait le charme de bien des villages s’assimile aujourd’hui à un véritable art de vivre endémique à l’île de La Réunion.

Tandis que Hell Bourg dans le cirque de Salazie avec sa maison Folio a fait la renommée de l’île,  le village d’Entre-Deux et sa Maison Valy n’a rien à lui envier. Situé non loin de la ville de Saint-Pierre dans le sud de l’île, entre les deux rivières le Bras de Cilaos et le Bras de la Plaine, l’Entre-deux a conservé une vitrine presque intacte de son patrimoine colonial, collectionnant aussi de très beaux exemples d’architecture.

La case créole a été rendue célèbre grâce à sa varangue (totalement ou partiellement fermée) cette fameuse véranda typique qui habille sa façade avant. Cet attribut a redoré son image et son charme, dont certains villages bien achalandés ont profité en terme architectural.

Importée durant l’époque de la Compagnie des Indes, la varangue et ses origines de Pondichéry (Inde du Sud) constitue la véranda typique de la case réunionnaise traditionnelle. Initialement utilisée pour se protéger du soleil, la varangue devient peu à peu une vraie pièce à vivre.

Certaines demeures très cossues construites sur les terrains des propriétaires de grands domaines sucriers disposent parfois de plusieurs varangues situées de part et d’autres de la case.

Au fil des siècles, un grand nombre de cases assez rustiques sont particulièrement marquées par les ravages du temps, totalement laissées à l’abandon, autant d’attributs désuets qui participent à leur charme. On peut encore voir certaines d’entre-elles, parmi les plus anciennes de l’île, si l’on s’aventure dans les ilets les plus reculés de Mafate ou de Cilaos.

Ayant pris conscience de la valeur de son patrimoine, l’île de La Réunion a souhaité agir en faveur de la restauration et de la conservation de ses merveilles architecturales.

En effet, construit avec des matériaux particulièrement peu résistants pour faire face aux nombreux cyclones, mais aussi aux invasions d’insectes, ce patrimoine naturel unique au monde a longtemps été menacé.

L’explosion démographique responsable de l’inflation foncière a également représenté une menace de démolition de ces habitats traditionnels.

Ainsi avait été créé le Label « Villages créoles », un dispositif mis en place pour recenser, classer et préserver les plus beaux joyaux architecturaux répartis sur un total de 16 villages. En a résulté pendant quelques années, un itinéraire culturel qui permet de s’immerger tout en couleurs et en senteurs dans l’art de vivre créole.

Construites avec des lambrequins et des frises de bois sculptées, les premières cases créoles rappellent les ornementations qui se trouvent sur les bateaux, autrefois utilisées pour faire ruisseler les eaux de pluie.

De manière générale, le choix des matériaux de construction est étroitement lié à la richesse naturelle de l’île et ses usages en lien intrinsèque avec l’histoire des métiers de la Réunion.

Fort de cet héritage historique très singulier, la case réunionnaise possède une âme singulière, à laquelle on associe un certain mode de vie, aux antipodes de la représentation de notre « chez soi » en métropole. Où tout est tourné pour satisfaire des besoins individuels.

Sur l’île de La Réunion, « aller à la case » est loin d’être synonyme d’isolement, puisque comme partout sur ce petit caillou volcanique, la culture réunionnaise invite à la rencontre et au partage. Soit des valeurs inversement proportionnelles à ce que l’on définit aujourd’hui comme « COVID ».

Point question de laisser un sentiment de solitude se propager sur l’île dans un mode viral ni de briser le lien social au profit de l’individualisme.

A La Réunion, les termes « rester à la maison » distillent bien d’autres saveurs que l’amertume des confinements successifs et de leurs restrictions abusives subis en métropole, où le temps semble à l’arrêt depuis une année déjà. Où que l’on se trouve sur l’île, plus on est nombreux et mieux on est heureux… personne ne reste jamais seul longtemps chez soi ! Une différence culturelle de toute importance qui laisse à réfléchir sur la valeur du « mot essentiel » par-delà les océans…

Pour poursuivre votre voyage à la Réunion :
https://delautrecotede.com/2020/09/07/la-cuisine-pei-petite-lecon-de-gastronomie-a-la-sauce-creole/

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