Immersion dans le Sambirano à vélo : une aventure nature aux parfums authentiques

Se porter absente pour quitter la sphère des ultra-connectés et partir. S’éloigner juste un instant. Là où le temps n’a plus d’emprise sur l’esprit. Comme un besoin de lâcher du lest. Se sentir libre et léger. C’est ainsi que l’heure du ménage de printemps était venue avec, résolument, l’envie de changer d’air et de reprendre son souffle.

Pour ce nouveau départ, mon choix de vivre une immersion nature en sortant des sentiers battus est apparue comme une évidence. Avec la condition et la promesse de m’engager dans une démarche respectueuse de l’environnement, mais aussi des populations locales.

C’était décidé ! Le vélo serait notre meilleur compagnon durant ses 3 jours, un vrai moyen de locomotion lent et non polluant pour minimiser notre empreinte et laisser le moins de traces possibles suite à notre passage.

Au-delà de ses vertus écologiques, le « slow tourisme » – un concept en vogue au fort potentiel sur le marché du voyage d’aventure – présente l’avantage de faire découvrir une culture, un mode de vie, tout en privilégiant la qualité des rencontres via l’échange et le partage.

Dans la région du Sambirano – un fleuve qui prend sa source dans le massif du Tsaratanana et se jette dans la mer au sud de la ville d’Ambanja, chef lieu du district – le vélo est hissé sur le podium du mode de transport le plus populaire. Sur la Grande île, on dit que le lémurien et le temps présents sont rois. Dans le Sambirano, le vélo détrône le tuk-tuk et le taxi-Bé.

Si le cacao fait la renommée de la région – la seule dans le pays à produire ces fèves au goût amer – la fertilité des sols riches des alluvions drainés par le fleuve pendant des siècles ont permis le développement de nombreuses cultures d’exportation.

 

Depuis les allées ombragées des plantations de cacao, de nombreuses plantes à parfum (ylang ylang, vétiver, basilic, patchouli, combava, baies rose…) et d’autres produits locaux tels que le café, la vanille ou le poivre, jusqu’aux nombreux points de vue qu’offre cette bourgade paisible sur le fleuve et la plaine deltaïque, les cyclo pousse défient les vélos, sans trop se soucier du code de la route.

Plus on avance dans la campagne entre fleuve et montagne, plus les véhicules motorisés sont proscrits de la circulation. Ici, ni taxi brousse ni 4×4 rutilants. Nous sommes au moins d’avril, la saison des pluies peine à se terminer. Les pistes et chemins non praticables rendent fort difficile l’accès aux villages les plus reculés. Et cet isolement n’est pas sans nous déplaire. Bien au contraire !

Sur cette terre du nord-ouest malgache, les sentiers creusés par les pluies torrentielles sont encore emplis de boue. L’érosion a fait glisser le sable des montagnes jusqu’au pied du fleuve et le long de ses rives bucoliques où aigrettes, hérons, ibis et cormorans déploient leurs ailes avec prouesse et esthétisme, dans une chorégraphie qui inspire sérénité et légèreté.

Les abords de cette large plaine fertile offrent une palette de paysages champêtres que la pratique du VTT permet d’explorer jusqu’à ses recoins les plus secrets.

Mieux vaut préférer la fraîcheur matinale pour s’engager en deux roues dans des randonnées d’une moyenne de 25 kilomètres (soit environ 4-5 heures) par jour. A travers les cacaoyers, les sentiers s’échappent vers de belles plaines rizicoles à flanc de montagne où les paysans sculptent les pentes avec ardeur et courage.

Des grands arbres d’ombrage qui protègent les plantations aux damiers de rizières et petites exploitations agricoles en passant par les bouquets de ravenala (arbres du voyageur) : c’est une palette de verts intenses qui domine le paysage du Sambirano, où l’exubérance de la végétation frappe l’oeil de tout visiteur.

En dehors des lieux sacrés (faddy) chargés d’histoire et de légendes, comme les lacs ou les rivières, se perpétuent dans la vallée du Sambirano des savoir-faire ancestraux. Si le village d’Ambobaka construit au bord de la rivière Ramena – un affluent du Sambirano – doit sa réputation à sa lignée de guérisseurs spécialistes des fractures et autres traumatismes qu’ils soignent à base de plantes, l’artisanat conserve une place de taille dans les villages. Métiers de la forge et broderie prouvent encore la vitalité de techniques traditionnelles séculaires.

Dans ce havre de paix niché entre terre et mer, le tourisme communautaire basé sur des échanges culturels permet aux populations locales de bénéficier de retombées économiques, à travers le financement d’actions de développement durable.

Situé parmi les plantations d’épices, l’association de villageoise FIVEMI du village d’Anjavimilay nous reçoit dans une paillotte-restaurant qui offre une très belle vue sur les rizières. L’accueil est discret, la cuisine gourmande et on apprécie le calme et la fraîcheur de sa terrasse pour déguster le riz du cru, fruit d’une production 100% locale.

A Andranomandevy, nous sommes reçues par une association de femmes dans un écogite adossé sur une colline et fabriqué uniquement à base de matériaux locaux. Une courte marche à travers une végétation sèche et broussailleuse permet de rejoindre son sommet pour admirer un décor de verdure à perte de vue. Un amphithéâtre de montagnes boisées où subsistent des restes de forêt primaire sur les hauteurs qui dominent la vallée creusée par le fleuve. Un cadre naturel digne d’une vraie carte postale qui invite à la contemplation !

En contrebas, la source d’eau chaude qui a donné son nom au village – « là où l’eau bout » – ressemble davantage à un marécage qu’à une structure thermale. Pourtant, les villageois boivent cette eau pour des raisons curatives. Les zébus domestiques semblent y trouver également des éléments nutritifs bénéfiques. Situé plus haut dans la vallée, un autre lieu‐dit du même nom avait fait l’objet d’un aménagement à l’époque coloniale. Les vestiges des baignoires ou bassins y sont encore visibles aujourd’hui.

Dans une atmosphère très singulière, ce refuge de biodiversité, un lieu sacré qui fait l’objet de nombreux cultes et croyances, sert autant d’abri que de réserve naturelle à de nombreuses espèces d’oiseaux.

Après avoir traqué le microcèbe (le plus petit lémurien de la Grande île) sur les grands arbres voisins, les enfants, toujours curieux et bienveillants, nous ont invitées à interpréter quelques chansons mondialement connues. Puis, le ventre repu de spécialités malgaches, on s’endort sous les moustiquaires, l’oreille à l’affût des bruits de la nature toujours en éveil.

Point d’orgue de ce périple, havre de paix et de fraîcheur, la Cascade des Bons Pères est cachée dans une forêt qui abrite de nombreux arbres du voyageur. Cette succession de chutes d’eau formant baignoires et jacuzzi naturels n’est accessible qu’en pirogue.

Mode de transport essentiel pour les habitants de la région, la pirogue emporte avec elle autant les motos que les passagers, les meubles que les produits de première nécessité. Les zébus se laissent aussi flotter dans le courant pour passer d’une rive à l’autre.

Dans cette région où le micro-climat favorise l’abondance et la verdoyance, la richesse des sites naturels s’associe à l’authenticité de la population, multipliant ainsi les occasions d’observer ces nombreuses scènes de vie. Des instantanés d’un monde rural figé ans le temps, encore préservé du tourisme de masse.

Sites sacrés, traditions ancestrales, écosystèmes préservés… riche autant par sa culture que par sa nature,  le Sambirano recèle une quantité infime de trésors cachés. Subtile et généreuse, l’âme de cette région se dévoile pour celui qui prend le temps de la découvrir et de la comprendre…

Explosion de couleurs et de parfums authentiques, une incursion dans le Sambirano à la rencontre d’un peuple extraordinairement métissé reste une aventure humaine secrètement gardée !

 

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Un circuit réalisé avec Libertalia Aventure, pionnier du tourisme solidaire dans la région d’Ambanja en partenariat avec l’ADAPS et Vision Ethique grâce à la mise en place de micro projets écotouristiques dans une logique de développement durable.

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