Du grand bleu au plongeon cosmopolite et culturel…

Après un été au vert suivi d’un plongeon dans le grand bleu, l’hommage au patrimoine avec ses journées éponymes marque inévitablement le tournant d’une immersion 100% nature vers une saison plus culturelle.

Aussi incontournable qu’inépuisable, ce sujet s’est naturellement imposé ici, à ce moment précis, en empruntant les accents hispaniques de la capitale madrilène.

Direction le sud de Madrid dans le quartier populaire de Lavapies, un barrio cosmopolite et multiculturel de près de 90 nationalités qui animent son âme dans une ambiance conviviale et festive.

Au cœur de ce dédales de rues, de places et de terrasses où se côtoient en toute de façon totalement décomplexée restaurants indiens, ateliers d’artisanat africain ou bars à tapas, la vie associative s’émancipe au milieu des galeries d’art, des librairies et des théâtres.

De Lavapies, émane une vie de quartier dynamique où le street art flirte avec l’architecture traditionnelle madrilène (les « corralas », ces bâtiments traditionnels disposés autour d’un patio central) et les grands espaces culturels tels que le Centro Dramático Nacional, la magnifique et antique Filmoteca Nacional ou l’imposante Casa Encendida.

   

Parmi eux, la Tabacalera, une ancienne usine de tabac réhabilitée en centre social, dont la vocation artistique s’associe à une démarche d’interaction permanente avec le quartier dans lequel il se situe.

Exploitant uniquement 9.200 m2 sur les 30.000 m2 de la superficie totale du bâtiment, cet espace offre néanmoins une possibilité infime d’usages à la croisée des arts : lieu associatif autogéré, la Tabacalera sert à la fois de lieu d’accueil pour des expositions, des projections que pour des ateliers de danse ou de théâtre.

Dans un dédale de galeries monochromes voûtées, la visite d’une exposition à la Tabacalera relève autant de l’exploration souterraine que de l’investigation artistique, dans un jeu d’ombres totalement singulier.

Ici, la scénographie s’intègre naturellement au décor et la mise en espace et en lumière de l’œuvre plonge le visiteur avec une grande justesse dans l’univers de l’artiste. Ainsi, l’effet produit par la recherche artistique en est largement décuplé.

C’est notamment le cas du travail d’Isabel Muñoz, une artiste espagnole dont les photographies en noir et blanc lui ont valu le Prix national de la photographe en 2016.

Toujours consacrées à l’être humain, à travers des fragments de corps et de mouvements, les images en noir et blanc d’Isabel Muñoz jouent l’accumulation des chairs et des formes avec une délicate sensualité.

Torreros, danseurs de tango ou ethnies guerrières d’Éthiopie : à travers les codes, les signes et les rituels tribaux ethniques, c’est la mise en scène des corps sublimés (peints, scarifiés, tatoués) qui intéresse la photographe. Ici, les corps individuels deviennent des corps sociaux, se détachant totalement de l’intimité originelle.

Se positionnant aussi facilement comme entomologiste que comme photogrpahe, Isabel Muñoz fait jaillir simultanément de ces corps, équilibre, beauté et mystère, laissant transparaître une lumière qui sert de dialogue et de support à la matière. Totalement intemporelles, ces images à l’écriture photographique infiniment précise, appellent à la contemplation et au silence.

Dans ce travail, les origines de l’humanité et de la spiritualité, la folie et ses limites sont questionnées via la dimension sociale du corps qui s’exprime au travers de la sexualité et du désir.

Considéré comme son propre maître, l’homo-sapiens n’a véritablement jamais rien altéré à sa compréhension du cosmos et du chaos. Seuls les attributs tribaux mettent en avant cet élément de distinction des autres êtres vivants.

Toujours véhiculées par une force innée et extrêmement puissante, les photographies d’Isabel Muñoz reflètent à elles seules toute la complexité de son auteur qui parvient à donner les clés pour déchiffrer ce que le sujet cache en matière d’intimité.

Dans une atmosphère et un registre bien moins feutrés mais un lieu tout aussi actif et vivant, un ancien abattoir formé d’un ensemble de pavillons construit au début du XXième siècle sur les rives du fleuve Manzanares situé à quelques encablures de la Tabacalera : El matadero.

Autre figure de la culture madrilène, ce centre culturel hors du commun accueille les visiteurs dans un espace ouvert à tous. Les allées à ciel ouvert sont prétextes à la promenade, au farniente, à la lecture.

Arts visuels, arts de la scène, design, philosophie, littérature ou musique : ce centre culturel multidisciplinaire se consacre à l’expérimentation et à la production artistique sous toutes leurs formes, tout en encourageant la participation citoyenne.

Chacun dédié à un domaine culturel précis, les pavillons de cet ancien complexe industriel construit entre 1908 et 1928, composent l’un des exemples architectural de la capitale parmi les plus insolites.

Son centre d’exposition de 4.000 m2 rivalise avec un bel espace extérieur, propice aux concerts et spectacles en tous genres.

Ici comme partout dans Madrid, c’est l’effervescence madrilène qui fait écho en toute décontraction au rayonnement artistique et culturel, un lieu de rencontre et d’échanges cosmopolite à la croisée des cultures.

Lorsque la fusion d’énergies et d’inspirations se met au service de l’Art et de la création de façon ainsi décomplexée et toujours en toute simplicité, il fait bon vivre à l’heure espagnole pour rester encore un peu à l’heure d’été !

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