Frère des arbres, Marc Dozier, Luc Marescot, France, 86 minutes.
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Si le mois de mai consacre ses plus beaux jours aux cinéphiles, le mois de mai, c’est aussi le printemps en pleine apogée avec son festival de petits bonheurs simples… Comme s’oxygéner lors d’une balade en forêt ou s’émerveiller devant une nature en pleine effervescence, en avalant des bouffées d’air à pleins poumons. Plus qu’à aucun autre moment de l’année, ce lien qui unit l’homme à la nature prend tout son sens et son importance.
D’où cette idée née au détour d’un chemin de consacrer ce mois-ci un article à un film défenseur de l’environnement. Un documentaire engagé véhiculant un message fort et universel.
Un voyage aussi écologique que poétique…
Parfait dans son rôle, aussi drôle que sensible, diplomate que philosophe, Mundiya Kepanga, originaire des Hautes-Terres en Papouasie-Nouvelle-Guinée et chef de la tribu des Hulis, incarne dans ce documentaire un porte-parole fédérateur.
Personnage central du film, ce Chef Papou à la physionomie singulière et au visage surmonté d’une ébouriffante coiffe de plumes nous guide les yeux fermés et en toute simplicité au coeur de sa forêt, l’une des plus vieilles au monde.
Aujourd’hui, Mundiya Kepanga voyage à travers la planète entière, en délivrant un message d’alerte sur la menace qui pèse sur nos forêts et la longévité de la vie sur Terre.
Du témoignage basé sur l’observation et le constat à l’action de sensibilisation des populations locales et des enfants du monde entier, ce messager au charisme troublant lutte pour la survie de son peuple en visant autant les politiques que les organes de décisions internationaux les plus importants.
En tant qu’enfant de la forêt, Mundiya Kepanga, considère, comme la plupart des peuples dits « primitifs », que la forêt constitue le plus bel héritage de ses ancêtres. Source de vie, d’inspiration et de bienveillance, la forêt offre à l’homme toutes ses plus grandes richesses, sous réserve qu’il la respecte.
Elément central de la culture papoue, la nature se retrouve notamment dans le rite hautement symbolique du passage à l’âge adulte, au cours duquel les jeunes hommes acquièrent la sagesse avant de devenir des hommes. Après avoir été écartés de la communauté et vécu en groupe en ermites dans la forêt, suit une cérémonie qui leur permet d’acquérir à leur tour le statut de « gardiens de la forêt ».
Au cours de ces rituels séculaires, les hommes décorés de masques et de costumes colorés donnent vie à des animaux à travers des danses très fortement inspirés des scènes de la nature.
Et pour cause… en Papouasie, la forêt recouvre 70% de la surface du pays et abrite pas moins de 20.000 espèces de plantes, 750 d’oiseaux, 1500 arbres et 3000 insectes dont grand nombre d’espèces endémiques.
Considérée comme l’un des plus grands réservoirs de biodiversité de la planète, la forêt papoue est malheureusement aujourd’hui en grande partie menacée par l’exploitation aurifère.
Occupant officiellement sur la première place du podium des exportateurs de bois (5 millions de mètres cubes par an), la Papouasie souffre de la mauvaise gestion des contre maîtres Malais et Philippins. Corrompue, la police ne sanctionne plus les concessions non autorisées par le gouvernement.
Si la vente des arbres constitue un unique moyen de survie pour les hommes du clan de Mundiya Kepanga, l’argent gagné est souvent mal dépensé et non redistribué à la communauté qui ne constate aucune retombée économique pour son cadre de vie (école, dispensaire, route, pont)…
Ainsi pillées, l’exploitation de ces terres ne profitent qu’aux sociétés étrangères.
Avec le changement climatique, Mundiya Kepang explique également que si l’on continue de détruire les arbres les plus anciens de la planète, ces derniers risquent de ne plus jamais retrouver ni la même taille ni la même qualité ; c’est donc un écosystème unique au monde qui est voué à disparaître.
Et si l’on ajoute à ce fléau l’accroissement des concessions d’huile de palme qui se multiplient comme des petits pains en Papouasie, c’est plus de 50% de sa forêt qui aura disparu d’ici 2021.
Pour une prise de conscience universelle…
Mais, heureusement, il y a un homme, Mundiya Kepanga … A lui seul, il oeuvre pour la protection de la nature à l’échelle internationale. Dans ce documentaire, il expose non seulement ses craintes quant à la dégradation et la disparition de la forêt de son enfance, mais également les conséquences du dérèglement climatique sur la vie de l’homme.
Devenu un fervent défenseur des causes environnementales lors des plus importantes réunions internationales, Mundiya Kepanga intervient à toutes les conférences sur le climat devant l’Unesco.
Par la force de ses propos, doué d’humour et de philosophie, ce messager pas comme les autres prévient la planète entière que l’homme et la nature sont indissociables… Avec pédagogie et à bras d’exemples concrets, doué du verbe d’un conteur traditionnel, il nous apprend à « comprendre la forêt de l’intérieur » et appréhender la nature comme une « école de la vie ».
Ou comment, dans ce monde vivant où les arbres produisent l’oxygène, l’humanité serait vouée à disparaître si la nature mourrait à petit feu. Utilisant avec dextérité cette poétique métaphore de la planète qui respire, Mundiya Kepanga conclut ainsi : « Nous sommes tous des frères des arbres »…
Et toujours en Papouasie…
On passera sous silence les explorations minières qui menacent l’un des plus beaux sanctuaire marin…
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http://fr.marcdozier.com/2017/02/teaser-freres-des-arbres/
Si vous avez manqué la diffusion du documentaire Frères des arbres avec Mundiya Kepanga sur ARTE, sachez que le film est à présent disponible en vidéo à la demande :
Si vous souhaitez suivre les aventures de Mundiya Kepanga, grand complice du réalisateur Marc Dozier, ne manquez pas la sortie de son livre le 28 juin prochain :
La tribu des Américains, un Papou à travers les Etats-Unis