Véhiculant bien d’autres images que celles de la violence humaine et des désastres écologiques, les marchés reflètent une part de ces lieux de vie bâtis autour de la mixité et de la diversité culturelle et sociale où il fait bon flâner à toute heure…
Kaléidoscope de couleurs et d’odeurs, tous ces étals qui débordent de fruits et de légumes illustrent des moments de liberté aussi légers et fédérateurs que ceux que l’on prend pour aller écouter de la musique ou s’amuser entre amis.
En voyage, les marchés constituent également une étape importante pour s’imprégner de l’authenticité d’un pays, d’une région et de ses coutumes culinaires locales. Ainsi, la visite d’un marché s’enveloppe de sens, pour les gourmands comme pour les curieux…
Des étals chaleureux, des échanges furtifs récompensés par de gratifiants sourires… au marché, on va tantôt trouver une bonne recette ou bien tout simplement s’émerveiller sur la couleur ou la taille d’un fruit exotique, un légume méconnu, jamais identifié, pas encore goûté.
Lorsque tous les sens sont en éveil, nous sommes tout ouïe pour nous laisser conduire par les bruits et les discussions, ici et là. Quelques pas et nous nous perdons dans les allées, nous nous arrêtons là où nous n’avions pas prévu, pas imaginé de nous figer.
Le marché, c’est le lieu de toutes les découvertes où l’on a le droit de toucher la marchandise, de la commenter, de la goûter et surtout de la flatter au passage.
Et, dans ce flots de paroles où l’on conversera facilement, on sait que l’on pourra retrouver d’un moment à l’autre cet anonymat. Un état d’être qui nous renvoie autant à nous-mêmes qu’il nous ouvre à la rencontre la plus imprévisible qu’elle soit.
Utile à la fois pour cerner et apprécier l’hospitalité d’un peuple, profitant d’un timide sourire avec une complicité mesurée, presque enfantine, pour engager une discussion ou échanger des propos par le geste.
Et, au-delà de la ferveur et du foisonnement d’images, les marchés incarnent avant tout l’âme de ceux qui le côtoient ; l’âme d’une localité et, à plus grand échelle, d’un pays. A ce titre, le marché, c’est le reflet de toute une culture et de traditions culinaires parfois ancestrales.
Dans les régions reculées, le marché représente un point de chute vital pour les groupes ethniques montagnards qui viennent s’y ravitailler à un rythme variable, d’une fois par semaine à une fois par mois ou tout simplement avant la venue d’un hiver rigoureux.
Hormis l’objectif premier qui vise à approvisionner ces peuples reculés de denrées alimentaires et de produits de première nécessité, le marché devient un véritable lien social qui relie véritablement les minorités à la société de consommation.
Or, que ce soit à l’occasion du marché des 5 jours à Heho près de Kalaw en Birmanie où les habitants de la campagne alentour viennent vendre leurs produits dans une ville différente sur un planning de 5 jours ou bien dans les montagnes du Nord Vietnam que les ethnies rejoignent à pied durant parfois des jours de marche entiers, l’agitation et la frénésie sont empreintes d’un caractère exceptionnel attachant.
Où la visite d’un marché n’est pas vécue comme une activité de routine, une contrainte ou une obligation dénuée d’émotions qui ne réserve aucune surprise.
Ici, la venue sur un marché prend une tournure toute autre, avec de vrais airs d’aventure. Au Vietnam, les cargos remplis de vivres et de victuailles semblent naviguer sous la ligne de flottaison tellement leurs ventres sont pleins… Ici, l’expédition fluviale se vit joyeusement en famille, au son du karaoké et du chant des coqs qui se poursuivent au milieu des marchandises en tous genres.
En Inde du Sud, on s’émerveillera sur les couleurs flamboyantes des bacs emplis de pétales de fleurs à Mysore, aussi odorants que les tresses fleuries des déesses indiennes en sari qui défilent avec grâce et féminité dans les rues.
A Madagascar, on n’hésitera pas à vanter les talents et le savoir-faire des bûcherons Zafimaniry dans les Hautes-Terres.
Epices, soieries ou vanneries : le travail artisanal présenté sur les marchés offre une diversité de matières et de couleurs qui inspire autant qu’elle reflète des techniques, des traditions locales parfois connues d’un groupement de villages seulement et d’une ethnie ou même des spécificités nationales.
Côté culinaire, l’invitation est aussi riche et généreuse. On s’amusera à goûter les beignets frits en Asie du sud-est en étant assis sur de minuscules chaises en plastique à un coin de rue ou on se régalera à croquer dans les fruits bien mûris sur le marché de Saint-Paul à la Réunion... A contrario, on préfèrera photographier les oeufs de 100 jours au Vietnam plutôt que de les gober ou que de s’aventurer à goûter la brochette de sauterelles de Wangfujing, à la tombée de la nuit à Pékin.
Les fruits, les fleurs… chacun pourra explorer à son goût les scènes de marché avant de réussir à découvrir toutes les richesses d’un pays. La multitude de visages capturés et les moments de vie intenses partagés laissent une empreinte forte à chaque voyage… même si, malheureusement, un seul voyage ne suffit jamais pour vivre pleinement cette diversité…
Et vous, sous quels latitudes auriez-vous l’intention de passer votre prochain marché de Noël ?
Jolie réflexion sur les marchés lointains. Le marché d’Arles le samedi matin est très fréquenté par les Japonais et autres touristes du monde entier qui le trouvent « exotique »… quant à nous, comme on dit en Provence : « on trouve toujours une « charrette » avec qui faire la « bazarette », en clair, le marché est le forum des villes de province, lieu d’échanges et de réflexions dans une grande convivialité lorsqu’il se termine, justement, au Bar du Marché.
Merci de ton partage, Claudaix ! C’est valable pour les marchés d’ici ou d’ailleurs… au marché, l’échange y est facilité, simplifié… du fait de l’anonymat, ou, au contraire, de la proximité. Chaque ville a donc son « Bar du marché » pour poursuivre les échanges dans la bonne humeur ! 😉
Super blog et super articles.
Dites-moi, serait-il possible d’avoir votre adresse mail pour une discussion en privée ? Merci bien
Bonjour Mélanie,
Merci beaucoup pour les compliments !
C’est toujours plaisant d’avoir d’agréables retours.
Ci-contre mon adresse email : servanerig@yahoo.fr
Au plaisir de discuter voyage plus longuement par mail. Très bonne journée, Servane