Eprise d’une fièvre qui se contracte comme par excès d’héliotropisme et animée d’une légèreté estivale peu ordinaire, j’aspire ces derniers jours à la quiétude et à l’effervescence des ambiances spontanées et festives des latitudes ensoleillées.
Surviennent alors les images universelles les plus fantasmées pour l’occidental lambda en mal de cartes postales idylliques… En cette période caniculaire, qui ne saurait se transposer dans un décor de rêve, en bordure d’un lagon aux eaux cristallines, un mojito frais et parfumé à la main, tandis que le bruit des vagues en bande son dissout toutes les dernières pensées négatives ?
Coquillages et crustacés, haro sur le masque et le tuba ! Déguster la langouste cubaine fraîchement pêchée en apnée dans une eau turquoise, poissonneuse et peu profonde parmi les poissons clowns et poissons perroquets, voici l’un des souvenirs de voyage que j’ai pris le temps de savourer !
Mais Cuba ne s’adresse pas seulement aux adeptes d’eaux tièdes et translucides… Cuba reste avant tout une île métissée et colorée muy caliente qui respire la joie de vivre et où la musique fait écho à chacun de nos pas, et ce toujours dans une ambiance assurément bon enfant !
Dans la moiteur d’une soirée tropicale, les baignades en famille et les nombreux rassemblements au pied du Malecon, cette digue de près de 8 kilomètres sur le front de mer de la Havane distillent une nonchalance propre à toutes les contrées latinos.
Véritable lieu d’ouverture entre la ville et la mer, une promenade sur le Malecon multiplie les opportunités d’immersion dans la vie cubaine où la fête figure parmi les emblèmes de toute une culture…
Le Malecon offre également un point de vue intéressant sur la capitale cubaine dont les charmes désuets vous plongent dans une époque où le temps semble arrêté.
Dans les quartiers populaires mais résidentiels, les mécanos bricolent et bichonnent leurs vieilles tôles rutilantes à longueur de journée… Buick, Chevrolet ou Pontiac : les collectionneurs ne peuvent que se rincer l’oeil devant le défilé incessant des belles américaines, à travers la capitale cubaine… Mais, pour alimenter cette parade de toutes les couleurs, la mécanique et l’approvisionnement de pièces détachées ont encore un bel avenir devant eux !
Cuba dansant, Cuba chantant… Dans cette île plantée au milieu de la mer des Caraïbes, il faut savoir saisir le tempo de ses pulsations naturelles et spontanées, oser entrer dans la danse, tout en vivant à son rythme les rencontres imprévues au coin des rues, tantôt avec un groupe traditionnel de musique, tantôt avec un bande d’écoliers curieux…
Contrastant avec l’architecture coloniale de la capitale qui lui confère nostalgie et mélancolie, la fièvre musicale qui envahit les bars et les clubs à salsa à la nuit tombée dévoile la chaleur et la gaieté et l’ivresse du peuple cubain !
Siroter une pina colada à la Floridita, entreprendre 3 pas de salsa à la Bodeguita del Medio ou se laisser porter sur le rythme lancinant d’un merengue sur les épaules musclées couleur ébène : les adresses mythiques ont conservé une âme unique, empreinte d’authenticité et de joie de vivre.
Loin du klaxon des belles américaines et des immeubles aux façades délabrées, la ville coloniale de Trinitad joue de ses charmes avec ses maisons basses aux couleurs chaudes sur ses rues pavées foulées encore par le trot d’un homme à cheval…
Spontanément, les portes s’ouvrent et l’on découvre le salon « musée » d’une modeste maison de famille, agrémenté de tous les objets de décoration et bibelots les plus décalés, vestiges du colonialisme, sous l’oeil de l’aîné de la maison qui oeuvre à la sieste dans son rocking chair, le cigare à peine éteint…
Impossible de ne pas reluquer les étalages fruités et ou de se faire photographier dans les allées fleuries d’un jardin tropical au bras d’un cubain au sourire ultra-brite…
Mais la prudence est recommandée dès lors que l’on vous proposera un Cuba Libre local sous les rayons d’un soleil haut et torride !
Que reste t’il aujourd’hui de la nostalgie du règne communiste et de ces années d’embargo américain, à l’heure du dégel américano-cubain entamé par Barack Obama sur l’île du Che et de Fidel, figures révolutionnaires historiques ?
Devant toute la complexité de la géopolitique, et allégée par les frivolités estivales, je ne suis d’humeur qu’à me servir un vieux rhum – même si je lui préfère de loin le rhum arrangé malgache ou réunionnais – pour me remémorer cette époque révolue, en me balançant dans mon hamac vénézuelien pour laisser le temps et l’été se consommer à la vitesse d’un bâton d’encens anti-moustiques aussi nocif que le tabac cubain…