Objet de pure contemplation pour les uns, d’observation ou de partage et de rencontre pour les autres : les buts d’un voyage restent multiples et très personnels, évoluant au gré des aspirations, des affinités et des expériences de chacun.
Or, c’est justement toute cette diversité que Terres d’Aventure, l’agence pionnière du Voyage d’Aventure en France, ainsi que la marque Grand Nord Grand large, spécialiste des destinations polaires, ont exploré pour cette 2ième Edition du Festival « Objectif Aventure » qui s’est déroulé du 30 janvier au 1er février au 104 à Paris, à travers une sélection éclectique de documentaires et de films. Autant de regards, de témoignages et d’expéditions extraordinaires pour retracer l’aventure, qu’elle soit sportive ou résolument humaine.
Fort du succès de sa 1ère Edition en 2013 qui avait réuni plus de 1500 personnes, ce deuxième volet, qui rend toujours hommage à l’image et au voyage sous toutes ses formes avec passion, a invité dans son camp de base, pour présider le jury, l’artiste Titouan Lamazou qui, par sa peinture et sa photographie dresse un état des lieux de notre monde, plaidant notamment en faveur du droit des femmes.
Au total, les 20 films présentés en compétition sont répartis en 4 catégories : Expéditions extraordinaires, Rencontres d’exception, Mondes polaires, Esprit Montagne.
Du tour du monde entre amis à l’exploration naturaliste jusqu’à l’expédition polaire ou extrême, « Objectif Aventure » invite les spectateurs à affronter les climats parmi les plus rudes de la planète et à s’adapter à tous types de voyages, dosés de plus ou moins d’adrénaline, privilégiant tantôt l’engagement intense ou bien un degré d’isolement des plus importants.
De la jungle épaisse de la forêt de Bornéo avec « Tewet le dayak aux mille grottes » de Luc-Henri Fage, aux courants tumultueux et aux rives luxuriantes de l’Amazonie avec « Objectif Amazone », le festival a commencé en s’enrobant d’une certaine moiteur tropicale.
Tantôt tourné – dans le 1er film – sous la forme d’une enquête documentaire sur les traces des traditions encore vivaces qui perdurent au plus profond de la forêt, malgré l’avancement de la société occidentale et de ses impacts sur les communautés locales, l’aventure prend, dans le second film, des airs de robinsonnade au long cours dans les eaux couleur « Coca-Cola » d’un fleuve long de 7000 kilomètres.
Portés et même parfois violemment secoués sur leur radeau, les aventuriers doivent affronter, 6 mois durant, à la fois la force des éléments déchaînés que faire face à la réglementation de fer des douanes et autorités, qui veillent sur l’orpaillage illégal et la consommation de stupéfiants, notamment dans le zone du « triple point », aux frontières du Pérou, du Brésil et de la Colombie.
Entre l’épopée du « Radeau de la méduse » et « l’Arche de Noé » qui accueille à son bord d’autres aventuriers de passage, cette belle aventure fluviale prend également tout son sens grâce à l’hospitalité réservée par les ethnies amazoniennes qui peuplent les rives.
Au fil des rencontres, Mélusine Malender a elle aussi construit son voyage itinérance autour de la rencontre, partant et sillonnant à moto les routes persanes. Simplicité et générosité ont donc rythmé son aventure, entre immensité des hauts plateaux désertiques du Kirghizstan et la spontanéité du peuple iranien, empreint d’une grande joie de vivre, d’un vrai sens de l’accueil, malgré les nombreux interdits politiques et religieux.
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Tout aussi humaine et dans un tout autre registre, le documentaire de Marie Trouvé, « Rodrigues autrement », sur l’action menée par l’association réunionnaise, « Run Handi move ». Quand entraide et solidarité s’associent avec sens, alors portage rime avec partage.
Ainsi, en participant aux plus grands raids des « îles vanille » et de l’hexagone, ces personnes à la mobilité réduite prouvent qu’elles sont « autrement capables » de vivre des exploits sportifs, tout comme leur propre aventure au quotidien, avec, toujours une réelle volonté de continuer à rêver. Une belle leçon d’humanité, portée par la joie de vivre des Rodriguais, le long d’un superbe raid côtier.
Sur l’échelle de la verticalité, à mi-chemin entre le road-trip et l’expédition alpine ou polaire, l’esprit « grimpe » peut aussi distiller convivialité et partage. Avec son film « Petzl Roc Trip China », Vladimir Cellier nous prouve avec talent, notamment par sa bande musicale inspirée des techniques du « sound design » et à des images vives, colorées et particulièrement rythmées, que l’escalade sait à la fois rassembler et fédérer grimpeurs amateurs et stars mondiales, comme Chris Sharma, Arnaud Petit, Stéphanie Baudet ou Lynn Hill, dans un esprit bon enfant et assez festif.
Du rythme trépidant des mégapoles chinoises à la lenteur traditionnelle asiatique embellie par les paysages de vallées rizicoles de la province de Guizhou, l’image, toujours portée par le son, accompagne avec justesse le rythme du grimpeur, parvenant ainsi à maintenir une attention permanente sans cesse renouvelée par une multitude de visages de tous âges, et de gestes, parfois techniques ou simplement hésitants.
Par cette technique de tournage et de montage fort personnelle et ses choix artistiques, Vladimir Cellier souligne dans son film toute la dichotomie de la culture chinoise qui se lance de la tradition à l’hyper modernité et cela, sans transition.
Ainsi, mettant en avant le succès de cet événement international qui réunit près de 1500 personnes sur un site relativement difficile d’accès, et face à l’engouement de la population chinoise pour la pratique de l’escalade en falaise, ce documentaire témoigne des impacts néfastes de l’exploitation touristique des sports de pleine nature en Chine, avec la question de l’absence des principes du tourisme durable dans cette politique de développement.
Dans un environnement plus hostile et bien moins fréquenté de la Chine, à l’extrémité est du pays, la fidèle équipe de gais lurons belges, adoucissant les difficultés physiques liées aux conditions météorologiques comme au degré d’inclinaison des parois ou à la haute altitude grâce à leur créativité musicale, entraînent les spectateurs dans une aventure plus intime, sans pour autant jamais manquer d’entrain.
Avec le choix d’un sommet de 5842 mètres comme terrain de jeu et support à son film, « China Jam », Evrard Wendenbaum retranscrit avec humour les joies du plaisir tactile du rocher, mais aussi les atouts d’une carte postale « déversante », au point de ne plus savoir si c’est l’ivresse de l’altitude ou les accords farfelus des instruments de musique peu ordinaires qui gagnent le sommet de l’Aventure.
Explorant des univers tout aussi majestueux mais tourmentés, Mathieu Le Lay et Laurent Joffrion, dans leurs films respectifs « La Quête d’inspiration » et « Scandinavie l’appel du Nord », apportent une vision relativement torturée, alimentant ainsi une certaine forme de créativité jamais rassasiée ni satisfaite.
Ainsi, dans « La Quête d’inspiration », on ne sait plus si l’inspiration provient de la seule fascination purement personnelle face aux splendeurs naturelles ou bien d’une quête intérieure bien plus complexe, souhaitant atteindre la perfection absolue. Signés de véritables mains de maîtres, ces atmosphères vaporeuses et fantasmagoriques sèment en effet le trouble quant aux objectifs de cette « chasse à l’image » du photographe français Alexandre Deschaumes.
De ces voyages artistiques naissent un esthétisme saisissant, alliance d’une connexion naturelle dans des ambiances de montagne de toute beauté. La maîtrise parfaite de ces lumières d’un autre monde expriment avec véracité tout le mystère qui enveloppe ces scènes oniriques à la frontière du réel, dans un univers d’un tout autre âge…
Autre chef d’œuvre, l’immersion naturaliste du photographe Vincent Munier avec « Scandinavie l’appel du Nord », qui parvient, de par sa passion, à nous faire presque aimer le caractère si hostile des territoires du grand nord, grâce à des images d’une grande beauté et d’une intense poésie et dévoilées dans une lenteur résolument salvatrice.
Loin de l’obsession de cette quête intérieure que réveillent ces univers sauvages et inquiétants de par leur force et leur magnétisme, l’aventure dans les immensités des contrées polaires est parfois vécue en snowboard (« Mission Antarctic »), où les champions Xavier de Le Rue et Lucas Debari gravissent les sommets des fjords les plus vierges de la planète, ou encore à ski et en kayak de mer (« Tysfjord, les enfants d’Anta »), à travers une expédition amicale (l’équipe savoyarde « Rail and ride ») racontée comme un journal de bord, à la découverte de la culture Sam et des paysages de la Laponie suédoise.
Mais, parmi toutes les aventures qui se déroulent dans les environnements polaires, la plus insolite reste assurément celle du binôme norvégien Inge Wegge et Jorn Ranum dans « North of the Sun », au nord du cercle polaire. Ces deux compagnons sympathiques, farfelus, drôles et attachants à la fois n’ont pas choisi l’itinérance comme support de leur aventure, mais un isolement de 9 mois dans une crique balayée par les vents.
En ayant élu ce lieu sauvage et exposé à la force des éléments comme leur « paradis », ils s’approprient chaque jour davantage à leur façon cette plage déserte, agrémentant leur robinsonnade de surf arctique – avec un plaisir glacé durant les nuits polaires -, de snowboard sur les pentes glacées qui surplombent la crique ou tout simplement d’activités diverses de survie ou encore d’écocitoyenneté comme le nettoyage et le tri des déchets qui se déversent dans leur petit paradis.
Approfondissant davantage encore la conscience écologique, Hamid Sardar, dans son film « Taïga », soulève avec subtilité et poésie la dualité existentielle qui n’épargne aujourd’hui aucun des peuples nomades mongols, partagés entre la quête de profit et la préservation de leur culture basée sur un lien très fort avec la nature. Un superbe témoignage touchant et actuel, qui prouve que l’équilibre fragile de l’écosystème tient parfois à bien peu de choses !
Sur cette parenthèse optimiste méritée qui lui a valu le Grand Prix du Jury, Taïga s’inscrit pleinement dans l’esprit des valeurs véhiculées par Terres d’Aventure, qui s’attache, en tant que membre fondateur de l’ATR (Agir pour un Tourisme Responsable), à créer des voyages dans le respect des peuples, des cultures et de l’environnement, à travers des actions locales en faveur du tourisme durable et solidaire et à la découverte de l’altérité du monde.
Ainsi, enrichi par toutes les leçons de sagesse et d’humanité véhiculées au cœur des films présentés durant « Objectif Aventure », soit une sélection éclectique d’expéditions et de voyages réalisés au plus près de la nature, le voyageur saisira alors à son tour l’occasion de s’évader, de reprendre la route et de de se lancer ainsi dans sa propre Aventure…
Pour découvrir le palmarès de la 2ième Edition du Festival « Objectif Aventure 2015 » :
http://www.unmondedaventures.fr/palmares-et-bilan-du-2e-festival-objectif-aventure-2015/